)]]-- SCI-FI METAL // Interview juillet 2019 --[[(
Début de la transmission : 3rd from the Sun est un groupe douaisien mêlant différents styles de métal et de rock à tendances décalés, parano et futuristes, le tout regroupé sous le terme « Sci-fi metal ». J’ai pu les voir en concert plusieurs fois au Red studio à Douai, j’ai bien aimé leurs côtés métal indus (Old school comme on en fait plus), leurs approches plus post rock assez dissonantes, ainsi que leur univers « imaginaire », et le groupe continue de progresser.
Un album est prévu dans les tout prochains mois, c’était l’occasion de leur envoyer une série de questions pour mieux connaitre leur univers et savoir ce qu’ils envisagent pour vous dérouiller les neurones. [[ROBOTS ON ROBOTS – THE FIGHT HAS BEGUN]]
/Fin de transmission.
1. Salut, quoi de neuf chez 3RD FROM THE SUN? Tu peux présenter brièvement le groupe?
Salut, merci de nous donner la parole.
Énormément de neuf ! On arrête pas en ce moment. On compose, on prépare l’arrivée de l’album, on tourne des petites vidéos, on s’amuse quoi.
Rapidement ? Alors on est un trio, Nicolas à la gratte, Fabien à la batterie et Loïc, moi donc, au chant et à la basse. On joue ensemble depuis 2015 un métal tantôt plein de rage, tantôt atmosphérique inspiré en grande partie par la science-fiction et l’anticipation.
Et comme j’ai dit, on sort cette année (le 20 septembre) notre premier album éponyme via le label M&O Music.
2. Vous qualifiez sobrement votre musique de "Metal", mais c'est un peu vague… Et si on parlait de subtil mélange entre metal indus old school, post rock/ post punk "torturé", avec une touche de punk hardcore? (Peut être que c'est un peu trop long pour accrocher l'oreille? Huhu)
Concrètement on qualifie ça de Sci-fi Metal, les thèmes d’un côté, la musique de l’autre. Pour ce qui est du genre précis c’est compliqué... Ton appellation est très précise, mais en même temps aussi réductrice, ça évolue d’un titre à l’autre. On ne se donne aucune contrainte dans la composition. L’important c’est qu’on y retrouve toujours notre credo « Peur. Urgence. Paranoia ». Donc Sci-fi Metal ça nous va bien, tu sais ce que tu vas avoir : de la SF et une musique sans concession. Le tout en restant cohérent en terme d’esthétique avec le reste.
Tu évoques le côte indus, on le retrouve dans « They Live « ! » c’est vrai, une titre comme « Hate » se veut bien plus punk dans son approche par exemple mais on joue aussi sur les ambiances et les ruptures de tons avec des morceaux comme « Mind is... » ou « Standing on the edge of the crater »…
On est pétri de multiples influences, différentes chez nous trois et ça se retranscrit dans notre musique.
3. Quand je te dis "metal indus" tu penses à quoi, à quels groupes?
Les grands classiques qui ont fait émerger et ont porté le mouvement : KILLING JOKE, MINISTY, PRONG ou même NIN. Ah et FEAR FACTORY, c’était bien !
4. Vous étés fans de PRONG, ça s'entend, mais vous penchez plutôt vers quels albums du groupe? Les débuts plus "thrash", la période années 90 plus "moderne" ou les disques sortis par la suite?
En s’appelant 3RD FROM THE SUN c’est clair qu’on peut y voir un lien ! Il y a beaucoup d’excellents albums chez PRONG, la période allant de Beg to Differ à Rude Awakening est complètement folle ! Mais il y a du très bon plus récemment aussi comme avec Power of the Damager même si ça remonte à 12 ans déjà !
5. Etes-vous amateurs du groupe canadien VOIVOD? Même si votre style est un peu différent (Moins thrash que sur leurs premiers albums), je pourrais quand même vous rapprocher de leur 2ème moitié de carrière (Donc plutôt fin années 90 on dira), et je trouve que vous avez un côté « parano » en commun...
VOIVOD ? Bien sûr, ils ont inventé l’appellation Sci-fi Metal !
Certains ont vu des similitudes entre notre proposition et VOIVOD mais ça doit être en grande partie à cause de la thématique Science-Fiction, musicalement c’est moins évident à mon avis. Personnellement j’adore presque tout chez VOIVOD mais Fab par exemple est moins fan. Parfois on joue un riff et on se dit « Tiens, ça fait un peu VOIVOD » mais autant qu’on peut le dire avec d’autres groupes. Mais ça reste une influence comme beaucoup d’autres, si ça se perçoit, ça nous va tant que ça paraît pas grossier et envahissant.
Dans les thématiques par contre c’est plus proche, mais en même temps Away est fan de la Quatrième Dimension et « Third From The Sun » est également un épisode de la série… Ce côté parano est donc bien présent chez eux comme chez nous.
6. Dans vos guitares on trouve un côté un peu torturé, qui donne une forme d'impression de futur halluciné pour cette impression assez acide... Je dirais que ça me rappelle Pestilence époque "Spheres" tout en ayant un ton différent, mais pas sûr que ce groupe fasse partie de vos influences... Il faudrait chercher plutôt dans quelles contrées pour l’hallucination acide psychotique?
Alors la référence n’est pas volontaire, c’est pas vraiment dans PESTILENCE qu’on se retrouve le plus ! Pour la construction des riffs, Nico cherche plus que l’accord juste, il va toujours aller vers ce qui va réussir à surprendre, en jouant à contre-temps, en semblant dissonant alors que la tonalité est la bonne pour retranscrire le caractère froid et étrange des titres. À vraiment vouloir trouver une référence, une contrée comme tu dis, il faudrait se tourner plutôt du côté de CORONER (toute proportion gardée bien sûr!).
7. Quand je vous ai vus pour la 2ème fois à Douai, soit un an après le 1er jet, j'ai trouvé que vous avez pas mal progressé au niveau du son, on comprend mieux toutes les nuances. Vous m'avez dit avoir pas mal travaillé sur cet aspect, notamment pour sonner correctement même dans les petits cafés ou peu de matos est disponible... Le tout consiste en quoi? Tu peux nous éclairer sur le travail du hardware qui peut aider en "toutes conditions"?
Merci ! Mais t’es sûr que la première fois c’était pas à cause de l’ingé son (haha!) ?
On a beaucoup bossé pour ça. Le passage en studio nous a permis de nous fixer pour le son. Le but étant alors de retranscrire ça en live, quelque soit le lieu. Et ça passe bien entendu par le matos. Nico ne jure que par N.O.S. pour avoir un matos véritablement personnalisé et il allie ça à une pédale de chez DESS pour compléter – du matos français fabriqué par des artisans dans les deux cas. C’est un perfectionniste qui va travailler le moindre détail sans faire de concession, la preuve, un deuxième ampli qui arrive afin de nuancer le son, ça va être énorme. De mon côté, j’ai préféré opter pour du matos de chez ORANGE (Terror Bass 500 et OBC212 : petit mais violent), le son particulier de leur ampli basse correspond parfaitement à ce que je cherchais, du plug’n’play qui envoie direct. Je bosse également pour compléter cela en cas de besoin avec du matos de chez AMPEG, plus rond, plus nuancé mais moins agressif. Cette configuration de base a de plaisant qu’elle s’adapte aussi bien aux cafés qu’aux salles plus importantes tout en restant assez facilement transportable et en cas de besoin, on complète mais toujours de manière réfléchie. Ni trop peu, ni pas assez, il faut que ça reste maîtrisé.
8. Quand vous dites "Who are they, and what do they want" sur votre vidéo, vous faites plutôt référence à des aliens prêts à envahir notre planète ou des milliardaires peu scrupuleux aux influences obscures?
C’est là le double sens qui transpire dans le morceau. S’inspirant du film de John Carpenter, on a voulu jouer sur ça. À aucun moment on ne fait mention d’extraterrestre concrètement dans le titre (contrairement au film), pas plus qu’à une élite véreuse qui nous dirigerait en nous manipulant. C’est là qu’intervient la paranoïa. Le personnage (au chant donc) est effrayé, il panique parce qu’il est perdu dans une société qui lui paraît étrange, froide, inhumaine.
9. Quand j'écoute les nouveaux groupes de metal indus, je ne retrouve pas la même ambiance que pour le style des années 80-90, souvent il s'agit maintenant de métal à gros son « classique », avec 2-3 samples électro, mais sans l'atmosphère industrielle menaçante, le côté mécanique et oppressant d'alors (Sans rentrer en plus dans le contenu des textes)... Avec le style actuel on pourrait plus parler d'électro métal moderniste (Ou modernophile), et le fan des débuts ne s'y retrouvera pas forcément, comme si les deux genres n'étaient pas apparentés dans le fond... Penses-tu que le sens du mot "industriel" s'est perdu dans le brouhaha musical actuel?
Je pense que le métal industriel a permis la démocratisation de l’utilisation des samples ou des chants altérés, mais avec le temps c’est vrai que le caractère oppressant, froid a pu s’estomper (rien que dans le projet LARD de Jourgensen avec Jello Biafra au chant, on a toujours le caractère menaçant, mécanique mais il y a quelque chose de plus, une ironie qui n’est pas présente ailleurs et ça fonctionne , et ce n’est pas un exemple tout jeune). L’ancienne vague a vieilli et les propositions n’ont plus forcément la saveur d’autrefois (les derniers MINISTRY ne sont pas les plus mémorables…). Ce que tu qualifie d’électro métal moderniste ou l’electronicore aussi suit juste une évolution en fonction du public, quitte en effet à perdre les fans des débuts. Pas sûr qu’un fan d’ENTER SHIKARI s’y retrouve avec l’album « What THIS for … ! » de KILLING JOKE même si sans celui-ci, son groupe fétiche n’existerait peut-être pas.
10. A l'époque « dorée » du metal industriel, dans les années 80-90, le style était avant-gardiste, voir visionnaire d'un futur assez "apocalyptique". Quand je réécoute ces vieux disques, j'ai l'impression que ce n'est plus une vision d’anticipation, un peu comme si on était en plein dedans, emmêlés dans un goudron bien épais... Tu en penses quoi?
Possible, l’indus a puisé dans la littérature d’anticipation pour élaborer des univers froids et oppressants, où la technologie est devenue inhumaine, les gouvernements corrompus et l’état de la planète une catastrophe. C’est pas pour rien qu’on a eu des groupes s’appelant, au hasard, FEAR FACTORY… C’est vrai que ça fait penser à quelques choses de notre quotidien… Bizarre qu’à l’élection de Trump le bouquin 1984 a fait un bond dans les ventes...
11. Vous allez sortir un album dans quelques mois... Tu peux présenter le contenu musical ainsi que les différents thèmes abordés? Ou a-t-il été enregistré? Le morceau disponible en pré-écoute a un gros son qui claque bien...
Merci beaucoup, ça nous fait bien plaisir que ce premier titre ait plu ! Attends alors le prochain clip, ça va te plaire aussi !
On a en effet un album qui sort le 20 septembre, enregistré au WaveLight Studio par Phil Reinhalter, guitariste de PUTRID OFFAL et magicien du son ! Pour le master, on s’est tourné vers Fred Motte au Conkrete Studio (qui a bossé avec, par exemple, LOUDBLAST).
Le projet était à la base de produire un EP de sept titres. On a choisi de travailler avec Phil parce qu’il apprécie ce qu’on fait, qu’il a parfaitement compris le projet du groupe et qu’on savait son travail de qualité (il avait travaillé avec NOISE EMISSION CONTROL et on a adoré le résultat). Le son qu’on a, on l’a travaillé avec lui, il a apporté beaucoup à notre proposition. Le projet avançant, l’EP s’est transformé en album 12 titres, on avait plus à dire. De là, Alex de M&O Music a adhéré au projet à travers des titres qu’on a pu lui faire écouter et on s’est lancé dans l’aventure avec.
Les thèmes abordés sont résumés dans notre credo « Peur. Urgence. Paranoia », chaque titre de l’album illustre un ou tous ces thèmes. Il y a une histoire qui parcoure l’album aussi, sur un peu moins de dix titres, quelque chose à propos d’une présence inquiétante dans le ciel et les conséquences, malheureuses, sur nos populations qui s’interrogent sur ce que c’est… Tout un programme !
Et si tu t’attends à ne retrouver que ce que proposait le premier clip, tu vas être bien surpris, on s’est fait plaisir !
12. Quelque chose à ajouter? Les futurs projets du groupe?
Le projet principal c’est de soutenir à fond la sortie de l’album, en jouant un maximum, en développant aussi notre projet via les réseaux, un deuxième clip arrivera peu avant l’album, on veut faire les choses bien, au mieux.
Par la suite on verra, on continue à bosser à fond pour approfondir notre proposition. Et des idées, on en a plein !