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04/04/2020

CHIAROSCURO - Interview 2020 (Post punk, dark punk)

      CHIAROSCURO - Interview 2020 (Post punk, dark punk)


CHIAROSCURO - Interview 2020 (Post punk, dark punk)

Chiaroscuro est un nouveau groupe Lillois prometteur, venant du punk, mais évoluant dans un post punk à la fois old school et plus moderne. Leur premier Ep sorti récemment m’a bien emballé de par son intensité, ses guitares à la détresse presque aérienne, et ses côtés plus sombres. Voici une série de questions emmurées, suivies de réponses déconfinées, afin d’en apprendre plus sur le groupe.



1. Salut, pour commencer tu peux présenter CHIAROSCURO? Que signifie votre nom de groupe?

Salut ! On est un groupe de punk composé de trois personnes, qui est originaire du nord de la France, entre Lille et Valenciennes. On existe officieusement depuis 2016 mais on a fait notre premier concert en avril 2019. On a sorti notre premier EP en décembre 2019 en K7 et on vient de recevoir récemment sa version vinyle.
Le nom du groupe signifie “Clair-obscur” en italien et en anglais. C'est un procédé qu'on retrouve beaucoup en peinture et dont je suis personnellement friand. On se retrouve dans le vif du sujet, et c’est quelque chose qui caractérise plutôt bien la manière dont sont écrites les paroles, tout comme la musique aussi je pense..


2. Votre musique évolue entre post punk, rock plus dark ou entrainant, et punk presque originel... C'est pas trop le bordel? ;-)

Pas du tout, c’est plutôt le contraire. La manière dont les idées nous viennent est assez limpide. On se pose pas trop de question et l’inspiration vient d’elle-même. On a pas mal d’influences communes qui nous sont fortes, qui restent et survolent un peu chacune des phases de composition. C’est surtout une histoire de groupes et de ce qu’ils dégagent communément qui nous inspire, plutôt qu’une histoire de style à proprement parler. On peut être autant influencés par des groupes de post-punk, que par des  groupes de punk hardcore par exemple, et le mélange se fait assez naturellement.


CHIAROSCURO - Interview 2020 (Post punk, dark punk)


3. Vos morceaux me font par moments fortement penser à l'esprit post punk des années 80, avec par exemple certains albums de KILLING JOKE (Les tout débuts), ou de JOY DIVISION... Font-ils partie de vos écoutes et influences, ou il faudrait chercher dans des formations plus récentes pour ça?

Je ne pense pas me tromper pour dire qu’on écoute aucun des ces deux groupes. Joy Division peut-être de rares fois, mais pas assez je pense pour nous inspirer directement. Mais s’il fallait retenir un groupe de cette époque qui nous anime encore tous les trois, ce serait très probablement The Cure. On revient souvent saigner quelques-uns de leurs albums et on découvre encore des morceaux aujourd’hui qui nous interpellent. Leur titre Us Or Them, sur leur album éponyme de 2004 par exemple, est un morceau qui s'apparente pas mal à ce qu’on fait. Ils ont su varier leur musique, tout en gardant leur propre touche, et c’est aussi un point important qu’on a essayé de reproduire à travers notre premier EP, et qu’on reproduira probablement dans nos prochains projets.
Mais nos influences principales sont en effet des groupes relativement récents, on peut citer entre autre Nervosas, de Colombus, Ohio, qui a été le point de départ de la construction du groupe. Mais aussi The Estranged, et en particulier leurs morceaux qui figurent sur le Type Foundry Sessions, Vol 1 sorti chez Sabotage Records. Les anglais de Sievehead viennent également comme une évidence. Et en un peu plus énervé, on est aussi très saucés par des formations comme Warthog aux Etats-Unis ou plus personnellement par nos potes de Années Zéro, de Lille.


4. Certains de vos titres sont assez noirs, désabusés... Etes-vous pessimistes? Déprimés? Ou votre musique fait plutôt office d'exutoire?

On est pas pessimiste. Si c'était le cas, on serait juste voué à broyer du noir, c’est sans intérêt et c’est pas ce qui nous inspire pour avancer au quotidien. Si c'était le cas, ce serait aussi s’avouer vaincu des pouvoirs établis et de leurs oppressions. Ce serait rendre vain toutes les luttes qui nous sont chères et décrédibiliser les personnes qui se battent tous les jours pour au moins un peu de changement, et qui y arrivent malgré tout, quoi qu’on en dise.
Mais déprimé, parfois, oui, et certainement comme beaucoup de monde à un moment donné. La réalité nous ramène toujours à un point de chute. Personne n’est apte à tenir la cadence sur la durée, surtout dans une société qui est fondamentalement malade.
On nous demande d’être droit, d’avoir constamment le sourire, de faire semblant au bout du compte. C’est destructeur. La folie, elle est en partie dans le fait de devoir faire semblant. On a le droit de faire la gueule, et de déprimer. C’est parfaitement normal.
On ne prétend pas non plus recevoir tout le poids du monde sur nos épaules. On reste justement trois mecs blancs, bourrés de privilèges mais qui assistent aussi par la force des choses à plein de faits qui sont problématiques. Donc de fait, la réalité est dure, alors ça s’inscrit naturellement dans notre musique et nos paroles. Quand je suis joyeux, je vais à la piscine, j’en fais pas une chanson.


  


5. Votre premier Ep, composé de six titres, est sorti récemment. Tu peux le présenter?

Oui ! C’est d’abord sorti en K7 sur Dirty Slap Records et ensuite en vinyle sur plusieurs autres labels dont Don’t Trust The Hype Records, Et Mon Cul C’est Du Tofu ?, La Berge Records, Flail Records et Pasidaryk Records. On était censés fêter la sortie du disque le 31 mars à Lille mais les circonstances actuelles font que ce sera pour plus tard.
Le tout a été enregistré, mixé et masterisé par notre pote Romtomcat qui a fait un super taf et dont on est est très fiers.
Les morceaux parlent globalement des villes écrasantes, de gentrification, de l’illégitimité de parler à la place de l’autre, de dépression. Mais la Ville vient certainement faire le lien entre tous les morceaux.


6. Qui a réalisé la pochette? Elle représente une main gigantesque au dessus d'un immeuble... Peut-on y voir un symbole de contrôle, peut-être de manipulation...?

L’artwork a été réalisé par Barreto, un autre copain qui joue également dans plusieurs groupes lillois, dont Short Days et Gutter. Je ne sais pas vraiment si il y a un symbole particulier. Pour le savoir, il faudrait probablement lui demander ça très tard dans la nuit, après un concert au CCL, ou au Poste à Lille. La réponse se trouvera sûrement dans son backpack.
En tout cas, on a voulu lui laisser carte blanche, juste en lui parlant des morceaux et de ce qu’ils racontaient. La Ville en est le leitmotiv comme dit précédemment, donc c’est naturellement pour ça qu’il a développé quelque chose d’urbain, et de vertigineux aussi quelque part. Pour le fun fact, la cartographie de la version vinyle est celle de Lille, la ville dont on vient. On peut reconnaître quelques éléments si on y prête attention et qu’on est connaisseur.




7. Cet Ep est ressorti en cassette sur Dirty Slap records. Vous êtes particulièrement amateurs de ce format, ou l'occasion vous est tombés dessus par hasard?

L’EP est d’abord sorti en K7. C'était d’ailleurs notre objectif de départ avant de réaliser qu’une sortie vinyle était possible. Je suis personnellement très adepte de la K7, et encore plus particulièrement Cyril, notre bassiste, puisque c’est sur son propre label, Dirty Slap Records, que notre EP est sorti. La question ne s’est donc quasiment pas posée et Cyril s’est naturellement proposé bien avant l’enregistrement de nos morceaux. Son label sort des K7 depuis 2016, en ayant commencé par le dernier album des potes de Fake Off.


8. Vous êtes basés à Lille. Peut-on dire que la musique de CHIAROSCURO reflète la vie dans une grande ville, avec le stress, l'agglutination des gens, la pollution... Ou vous auriez pu arriver au même résultat en vivant au fin-fond de la campagne?


Je ne peux pas dire que tout ce qui est abordé s’arrête aux grandes villes. La violence est bien systémique et n’a pas de frontière.
Mais en effet, La ville est venue s’ajouter pour nourrir tout ça. On apprendra à personne que les grandes villes peuvent être une source d’anxiété supplémentaire pour beaucoup de monde.
Je peux penser entre autres aux violences policières qui sont beaucoup plus présentes, ou du moins plus perceptibles qu’en campagne.
Mais même au delà de tout ça, la ville peut participer dès son architecture et dès sa nomenclature, à un environnement qui peut être anxiogène. Je me suis beaucoup imprégné de la ville de Lille pour l’écriture, puisque j’y vis mais je peux aussi prendre le cas de Paris par exemple. Il suffit de se balader un peu pour tomber tout simplement sur les boulevards des Maréchaux, qui ne sont que des bouchers qui ont parcouru toute l’Europe le sabre au clair en laissant des milliers et des milliers de morts derrière eux. C’est une des nombreuses  glorifications qui est permise, et qui ne semble poser aucun souci bien qu’elle soit symbolique d’une grande violence.
Mais les villes ne sont pas que ce qu’elles génèrent de mauvais, heureusement, elles permettent aussi en retour des fourmillements militants qui vont dans le bon sens et qui m’ont probablement encore plus inspiré cet EP qu’autre chose.




9. Tu peux nous raconter un peu vos débuts en tant que musiciens, et la genèse du groupe? Vous avez officié dans d'autres formations précédemment?

J’ai commencé par faire sérieusement de la musique entre 2013 et 2014, en rejoignant Slice of Life dans lequel j’ai occupé la place du chant et de la guitare. Le groupe s’est dissout en toute fin d’année 2015 et j’ai formé par la suite Soft Animals avec le batteur et le second guitariste du groupe. Je continue toujours de tourner avec ce groupe là, mais dans un style différent de Chiaroscuro.
Kent a commencé par tourner à la batterie avec Still Kidz, un groupe originaire de Aire-sur-la-Lys et qui s’est arrêté en 2012.
Quant à Cyril, c’est avec nous et Chiaroscuro, son premier groupe, qu’il a vraiment commencé à jouer de la basse. On a la chance d’avoir le meilleur des rookies.
Kent et moi, on doit se connaître depuis 2009 si je me trompe pas, avec une amitié qui s’est beaucoup forgée à travers la musique qu’on écoutait à ce moment-là. On a rapidement voulu monter un groupe orienté dans le punk hardcore, mais la proposition qui m’a été faite pour intégrer Slice of Life à l’époque, et la formation de Still Kidz de son côté, ont fait que le projet a été mis en suspens pendant plusieurs années.
Ce n’est que lorsque Cyril a emmenagé sur Lille et qu’on s’est connu tous ensemble, en fréquentant les mêmes concerts, les mêmes personnes, etc, que l’idée de faire un groupe a ressurgi. Notre connexion s'est un peu faite comme à l’époque entre Kent et moi même. On saignait tous les trois quasiment les mêmes albums en boucle, et en s’apercevant qu’une basse prenait la poussière chez Cyril, on s’est dit que ça pouvait être l’occasion de tester quelque chose ensemble.
On a commencé par faire un premier test en juin 2016 dans la chambre d’ado de Kent où était stockée une vieille batterie à lui. En voyant que l’alchimie prenait, on a décidé de continuer et de persévérer. On a eu du mal à trouver une salle de répétition fixe, ce qui a causé en partie ce long temps de battement entre notre formation, et notre tout premier concert en avril 2019. Mais aussi sans doute parce qu’on voulait proposer quelque chose de maîtrisé, et qu’on a mis du temps à être vraiment sûrs de nous. Ce qui n’est d’ailleurs pas forcément encore gagné aujourd’hui, mais c’est que le début.
C’est grâce à Mika (de Don’t Trust The Hype Records, Jodie Faster, Fake off, ...) qu’on s’est enfin décidé à sortir de notre salle de répèt puisque c’est lui qui nous a poussé à faire la première partie d’un concert qu’il organisait pour Syndrome 81 et Grabuge. On peut facilement dire que c’est quelqu’un qui a été important pour nous, qui nous a permis de nous bouger et aussi accessoirement de sortir notre premier EP en vinyle. On le remerciera jamais assez.


10. Si je te donne ces mots, tu penses à quoi?
-Cold wave -Obsolete radio (Le groupe) -Black metal dépressif -Indochine -Industriel

Tout ce que je peux faire maintenant, c’est d’essayer d’enlever l’image de Nicolas Sirkis de ma tête.


11. Un petit mot pour le coronavirus/ Covid19?

Si l’on pouvait au moins s’accorder la lecture d’un fanzine pour éviter de tomber sur ce sujet, ce serait cool et pas mal reposant, non ?


12. Quels sont vos futurs projets? Que doit apprendre le lecteur avant la cloture des transmissions?

Dans l’immédiat, on aimerait bien pouvoir enfin sortir notre EP dans sa version vinyle après la fin du confinement. Pour l’instant, ils dorment juste dans des cartons. Une tournée en France était prévue pour le défendre au mois d’avril, mais malheureusement toutes les dates semblent tomber à l’eau. Du coup, on espère pouvoir reporter ça dès que possible sans que ça traîne trop longtemps. Sinon en attendant, on est de retour dans la composition, pour éviter de tourner tout le temps sur les mêmes chansons en concert et pouvoir aspirer à enregistrer un nouveau projet pour plus tard.

Merci pour les questions et ton intérêt. Bonne continuation !
Rémy & Chiaroscuro ///

https://chiaroscurolille.bandcamp.com