06/03/2010
NAPALM DEATH - "Greed killing" MCD. 1995
Après avoir tout détruit avec son grindcore corrosif et déglingué, soit un des très rares styles musicaux le plus extrême de l'époque, NAPALM DEATH avaient du subir des changements de musiciens qui les avaient poussés à jouer une musique moins sauvage, plus Death metal, sur deux albums... Pour ensuite arriver au disque "Fear emptiness despair" qui proposait un mélange entre death metal, hardcore, grindcore et influences industrielles montrant un groupe en pleine recherche de personnalité, qui arrivait quand même à être assez persuasif, mais aussi parfois assez ennuyeux... Pas mal de fans se posaient des questions sur la voie future du groupe, les voyant moyennement bien évoluer dans ce mélange assez obscur de riffs dépressifs dissonants et de beats hardcore mécaniques saupoudré de blast beats; La presse était aussi assez dubitative quant aux possibilités futures du groupe et ce n'était pas rare de voir des comparaisons proches de l'usine à gaz ou du mammouth qui lâche ses derniers soupirs... Mais en fait le groupe était en pleine mutation, et cet enregistrement n'en était qu'une manifestation... Le plus surprenant était à venir: Apparemment lassés de trop de noirceur, NAPALM DEATH décident d'ouvrir bien plus grand les fenêtres et de prendre un bon bol d'air frais... Et ça se sent dans ce MCD, cet apéritif annonçant un style qui durera quand même quelques albums: Le groupe est alors plus frais, tire des influences plus actuelles comme le rock alternatif, le metal moderne de l'époque ou pour faire un raccourci évocateur: Le groupe HELMET... Même certains éléments déjà utilisés précédemment (Industriel, dépressif, hardcore) prennent une tournure différente, dans l'approche et dans le feeling.
C'est parti avec le premier titre, "Greed killing", qui est assez péchu, frais, qui me plaisait bien pour ses guitares aériennes venant de territoires voisins à Godflesh ou à la New wave. Il est assez rythmé, presque sautillant par moments. C'était un peu le hit du groupe à l'époque, et le vidéo clip correspondant était assez connu...
Le deuxième titre, "My own worst enemy", montre qu’ils continuent d'expérimenter au niveau des guitares, des rythmes de batterie, et le côté aérien ou lumineux est encore là... Ils mangeaient quoi à l'époque? Néanmoins une moitié du morceau reste assez proche de "Fear emptiness despair" (En moins torturé). Il y a des bonnes idées et des choses assez intenses.
"Self betrayal" est une composition plus lente, plus introspective, à l'ambiance un peu plus "industrielle" et noire. On plonge dans les méandres de l'être humain. Les vocaux parlés ajoutent un côté froid. C'est pas mal du tout.
Sur "Finer truths, white lies" le groupe continue d'essayer de nouvelles idées: Le début grind est assez original (A l'époque c'était assez rare d’utiliser des blasts de cette façon), puis ça enchaîne sur une sorte de Hardcore mid tempo qui me plaît moins, qu'on a quand même revu souvent sur le disque suivant ("Diatribes")...
Après, accrochez-vous bien au fauteuil moisi: "Antibody" est un morceau excellent et qui a la pêche! Ca commence avec la patate au maximum: Entre Death grind et grindcore... ça blaste à fond! Puis enchaînement sur du crust énergique...Puis ça reblaste! Puis ça re-cruste! Puis riff mid-tempo qui a la péche en plein milieu! Puis passage indus metal dépressif excellent! Puis ça reprend sur le mid tempo Ice tea pêche! "L'intensité ne baisse pas! Comment ils font??". A l'époque j'aurais voulu un "Diatribes" bien remplis de morceaux aussi bons! Dommage pour moi...
Ensuite vient "All links severed" qui est correct, typique du passé du groupe, entre Death grind, grindcore et crust. Le style et la différence de production pourraient créer des interrogation sur l'année de composition... (Quoiqu’un passage mid tempo fait un peu positif dans le style de "Diatribes").
Finalement, nous avons une version live de "Plague rages", morceau venant de "Fear emptiness"... Déjà cet album avait un son un peu sourd, confus (Ou plutôt avec une production et un style qui pouvaient donner une impression de confusion), mais l'enregistrement en live est moyennement convaincant, ça fait un peu mou et le côté calculé du titre ne rend pas trop... Enfin ce n'est pas forcément leur meilleur morceau, même s'il contient des bonnes idées.
Ce mini CD, même s'il peut donner une impression éclatée, du fait des différents styles abordés et de la production changeante sur les derniers titres, reste néanmoins une assez bonne introduction au NAPALM DEATH ayant existé quelques années avant et quelques années après 1995. Paradoxalement je l'ai toujours trouvé meilleur que l'album qu'il était sensé introduire, soit "Diatribes", car ce dernier s'embourbait un peu dans le mid tempo ou les choses moyennes...
A l'époque, ce mini CD montrait un nouveau visage du groupe qui dura pas mal d'années: Un groupe ouvert, aux influences multiples, aux compositions inspirées et au jeu toujours bien carré ou efficace... A une époque je les estimais assez pour ça: Ils ne suivaient pas les modes, restaient eux même en étant ouverts... Puis ils sont finalement revenus à un style plus proche de leurs débuts, entre Death grind et grindcore, d'abord avec succès car ça cartonnait bien, mais petit à petit l'inspiration semblait diminuer à chaque fois et je me suis lassé... Dommage qu'ils ne se rouvrent pas un peu à d'autres mondes musicaux, car il y a encore quelques nouvelles influences à tester...