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04/05/2007

SUGAR CREEK - Please tell a friend LP. 1969


J'ai longtemps cru qu'il n'y avait rien eu de musicalement "extrême" avant les années 1970, comme si le Hard rock était apparu subitement le 1er janvier 1970, bâti à partir de rien (ou presque) par des musiciens novateurs touchés par la grâce divine et les abus de substances desinhibantes. J'avais plus ou moins la même impression pour le métal, qui lui serait apparu le 1er janvier 1980, à partir de quelques vestiges punks et hard rocks, avec une approche et un état d'esprit différents... Mais les nombreuses expériences musicales et la curiosité finissent par faire disparaître certaines illusions, il y a peu de musiciens si géniaux, extrêmement novateurs, au point d'être entièrement responsables de nouveaux styles ou nouvelles techniques: Tout est question d'évolution, chacun s'influence du passé et du grouillement musical de l'époque, se l’appropriant en apportant son feeling et ses idées plus ou moins personnelles. Certains fans voulant s'accrocher au culte et à une sorte de starification de leurs idoles viendraient se plaindre et revendiquer l’extrême paternité d'untel ou d'un autre, je leur répondrais par quelques arguments évidents: On ne crée rien à partir de rien (Appliquez cette idée à vous-mêmes, et vous verrez que tout comme votre subconscient et vos affects, vous êtes fortement détermines par votre passé, entourage, société...) et il a très souvent existé un contexte musical amplis de nombreux groupes, aux approches similaires, dont la plupart ont été oubliés en faveur d’autres ayant eu un certain succès et profité par la suite d'une paternité qu'ils n'avaient pas forcément recherché. Je ne remets pas en cause le talent et la qualité du travail de certains musiciens, mais il est intéressant de réfléchir et prendre du recul, dans le contexte actuel ou de nombreux musiciens se retrouvent canonisés et "génialisés" alors qu'ils ne le méritaient pas spécialement... (Parfois par des gens n'ayant pas forcément connu l'époque).

Revenons aux premières idées de cette chronique. Je pensais donc que le hard rock était apparu aux prémices de l'année 1970, à partir de rien ou presque... Mais les recherches dans les collections de vieux albums apportent parfois quelques surprises! Prenez le 1er morceau de cet album sorti en 1969... "A million years" n'est peut-être pas assez énervé et les guitares pas assez saturées pour que l'auditeur puisse sérieusement parler de hard rock, mais on serait en tous cas dans une approche proposant les prémices du style: La tonalité du morceau est relativement tragique, le tempo est assez énergique, le jeu global est un peu plus relevé que ce qui se faisait niveau rock à l'époque, le guitariste a un petit jeu parfois crunchy, en accords plaqués ou avec quelques solos sympathiques...
Le style est assez proche de ce qu'on fait les WHO dans leurs périodes les plus hard rock, et comme j'aime cette approche assez alambiquée, j'espérais le meilleur pour la suite de cet album, sympathiquement intitulé "Please tell a friend" (Peut-être que le bouche à oreille fonctionnait très bien à l'époque?)… Mais une fois arrivé au deuxième morceau, le style change... On évolue alors entre blues, rock bluesy et country (Avec un petit côté psyché sur certains titres, mais pas trop), avec parfois un petit harmonica chatouillant les grillons, des mélodies tranquilles touchant parfois a de vieux accords ancestraux et relaxant efficacement le vieux papy black (Epuisé par tant d'années à nous vanter les mérites du riz court). C'est tranquille à écouter, c'est plutôt bien fait, mais l'ensemble est quand même bien plus prévisible et moins élaboré que le premier titre, qui était vraiment plus prometteur et intéressant... Comme explication, on fournira simplement le fait que la première plage a principalement été composée par Mr Edwards, alors que la suite est partagée entre Mr Dolce et Mr Mc Kinney... C'est un album tranquille qui a des chances correctes de plaire aux fans de blues qui aiment se la couler douce en chiquant un vieux bout de tabac, mais les autres se demanderont pourquoi le talent de Mr Edwards n'a pas été plus utilisé. (Une pensée nostalgique pour les bons vieux conflits internes et jalousies, chers à tant de groupes de musique).
J'ai fais quelques recherche sur Internet, espérant trouver des suites musicales à ce premier morceau, mais ce fut vain: Après cet album, SUGAR CREEK a duré un court laps de temps, puis les compositeurs ont vaqué à leurs carrières respectives, touchant parfois au succès, remportant quelques hits au passage ("Sunshine" pour Edwards)... Mais rien qui ne mènerait un rocker anglophone, n'ayant pas compris le nom d'un groupe qui vient de lui botter le cul, à nous demander: "THE WHO??".