23/12/2007
MÖTLEY CRÜE "Mötley crüe" CD. 1994
Après un bon paquet d'albums, une carrière bien remplie et un style bien défini, certains groupes arrivent à se redéfinir afin de proposer quelque chose de différent, tout en restant assez convainquants pour être crédibles et effacer une partie des soupçons. MÖTLEY CRÜE fit partie de cette catégorie, en gros pour un seul album…
En effet après 5 enregistrements officiels et plus de dix ans de carrière dans une sorte de hard rock/ heavy metal baignant dans le glam et la provocation, les Américains se retrouvent dans une position assez délicate, alors que le petit monde des gloires passées du heavy metal Us et des grosses cabriolets à fortes mensurations se trouve radicalement banni des ondes, suite à l’avènement commercial massif et despotique du grunge... Face à l'incertitude, ils auraient pu continuer dans leur voie "glamour" et lentement s’enterrer, pour espérer retrouver un jour le succès d'antan, ou plus "simplement" se séparer (Pas évident quand on est à fond dans le rythme album/ tournée/ album/ tournée depuis longtemps)... Mais ils décidèrent plutôt de virer Vince Neil, le chanteur de l'époque, et d'accueillir un certain John Coraby, pour offrir un style plus actuel... Plus Grunge!?
A première vue, la catastrophe était prévisible. Suivre les modes n'a jamais été une très bonne chose niveau créativité musicale... Mais heureusement pour l'auditeur, ce changement ne fut pas un réel retournement de veste, plutôt une sorte de "radicalisation" de leur style qui prendra alors une tournure plus heavy, plus "sombre".
Donc exit le délire "Sex, drugs and rock'n roll" et bienvenu à un état d'esprit plus réaliste, urbain, un peu plus diffus et intérieur (Comme une sorte d'introspection, sans tomber dans l'extrême).
Je pense aussi bien à d'anciens groupes de hard (LED ZEPPELIN, BLACK SABBATH) que des choses plus actuelles pour l'époque (Comme du KING'S X, du METALLICA ("Black album")), alors que quelques références à des choses comme les débuts de GUNS 'N ROSES montrent qu'ils n'avaient pas renié leur passé... L'influence grunge ne prend pas une tournure ultra basique, mais se rapproche plus de groupes à la ALICE IN CHAINS, SOUNDGARDEN (Pour des moments assez calmes) ou STONE TEMPLE PILOTS (1er album), de par les ambiances et un chant assez enivrant ou lascif. (En fait ces références sont assez amusantes, car Alice in chains n'a pas été un groupe de grunge à proprement parler, et aurait à mon avis pu entièrement exister sans l'existence de cette scène...). Plus heavy, plus réaliste.
Les morceaux sont bien composés (Le groupe nous montre qu'ils ont toujours été de bons musiciens, sachant écrire des titres qui se tiennent avec ou sans l'influence de blondes botoxées et siliconées à mort). Rien à dire au niveau du travail de guitares (Les passages heavy riffent bien, les arpèges sont bien sentis, aucun passage n'est foireux...). Le jeu de batterie est bien heavy, avec ce qu'il faut de lourdeur pour bien souligner la pesanteur de l'ensemble, et de diversité pour être vivant.
Le vocaliste de l'époque, qui en plus était guitariste/ compositeur, montrait d'appréciables qualités de composition et de vocalises (Tantôt chantées, tantôt puissantes, tantôt bluesy)... Et avait à mon avis apporté pas mal de musicalité au groupe: On se retrouvait avec un album varié, et remplis de pas mal de détails, qui restait cohérent.
Rien à dire au niveau de la production, le son convenait parfaitement (Guitares avec un petit côté acide), et le producteur avait ajouté ce qu'il fallait d'effets relativement "Hypnotiques" ou "ambiants" pour rendre l'écoute plus plaisante.
Je n'aurais pas beaucoup de choses à reprocher à cet album, à part l'absence de parties émotionnelles touchant au point G... L'ensemble tourne autour du cool et du bon, mais sans jamais transcender, ou presque...
Malheureusement cette incarnation n'a pas duré longtemps, peut être en partie à cause du flop commercial de l'objet, et de l'apparent désintérêt des fans... Et plusieurs mois après la sortie du disque, John Coraby s'est fait éjecter au profit de Vince Neil, qui de retour, du aider à faire mieux vendre... Dommage, car MÖTLEY CRÜE auraient pu faire une belle deuxième partie de carrière en suivant cette approche... Mais un peu de persévérance aurait peut-être été nécessaire afin de s'imposer aux auditeurs...