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14/08/2008

LAIBACH - "M.B. December 21, 1984" CD. 1997.

Pour aborder ce disque dans les meilleures conditions, il faut peut-être oublier ce qu'on connaît des multiples facettes de LAIBACH: On plonge dans leurs premières années, les plus embaumées d'urgence et peut-être les plus militantes... On plonge dans trois enregistrements concerts de 1984 et 1985 qui eurent alors des goûts d'illégalité et d'interdiction, et qui montrent le groupe sous une de ses facettes les plus brutes et primaires...

Désinscris la folk, effaces l'indus metal, déprogrammes l'electro indus. Il y a peu de sampling, de rythmes "dansants" ou de mélodies accrocheuses. Musicalement on est plongé dans un industriel au sens quasi originel du terme: Primaire, martial, tantôt expérimental, tantôt bruitiste, sur lequel vient se greffer une clarinette improvisée qui donne un côté plus fou et instantané à l'ensemble. Il se dégage un chaos et une détresse frénétique assez impressionnants, le groupe est ici moins froid et calculé que par la suite, c'est plus brut agressif, la corrosion et la rouille acide deviennent des éléments dominants... On pense à un régiment qui marche parfaitement en rythme, à une usine complètement déglinguée qui continue de tourner malgré tout, à d'imposantes machines industrielles qui broient du métal et de l'humain...

Le livret remet en place de façon assez détaillée le contexte de l'époque: L’utilisation due nom LAIBACH était interdit en Slovénie et en toute la Yougoslavie, le groupe étant considéré comme trop politiquement provocant et utilisait illégalement la traduction allemande du nom de la capitale slovène (Ljubljana… Imaginez les réactions des élus locaux de votre ville, face à un groupe très provocant, proférant les pires insanités et pires horreurs, qui porterait le nom de cette même ville… Le résultat serait dans le même ordre, sauf qu’il y a 25 ans la liberté d’expression était moins large et que l’Europe de l’Est c’était vachement plus dur… Scandale sanglant et tentative de putsch dans les sous-vêtements!!). Afin de détourner l'interdiction légale et de pouvoir s'exprimer, le groupe décida de faire un concert de façon anonyme, en placardant des affiches sur lesquelles ne figuraient aucune indication autre que date, heure, lieu de l'événement ainsi qu'un logo ambigu en forme de croix... Heureusement les personnes concernées comprirent le message.

Ces enregistrements sont peut-être à prendre comme des documents de par leurs côtés assez dépouillés et "chaotiques", mais ils sont quand même appréciables et dégagent beaucoup plus de noirceur, de mal être et de rébellion que 95% de la scène underground actuelle... Ce n'était peut-être pas seulement une question d'inspiration, mais aussi de contexte social et politique cloisonnés, étriqués et suffoquants poussant les individus dans des sommets de rébellion... Vouloir reproduire ces sentiments profonds et pensées militantes dans un autre contexte serait en quelques sortes vain... En tous les cas les enregistrements "documentaires" restent présents, et font toujours leur effet quand l'emmurement est trop fort.