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17/12/2014

WASP INTERVIEW 1984. ENFER Magazine N°18.

WASP INTERVIEW 1984. ENFER Magazine N°18. HEAVY METAL

 WASP arrive! Avouez qu'en ces temps tristes et maussades, il fallait bien ça pour retrouver sinon le moral, du moins le sourire. Ainsi donc, les tous derniers représentants du Rock'n'Roll circus américain s'en prennent enfin à la scène parisienne. Ça risque fort de sentir le souffre et le sang sauce Hollywood au théâtre du Forum des Halles! Vu que l'album ensanglante déjà les bacs de vos disquaires favoris, on va donc pouvoir enfin juger les réelles capacités du quartet californien.  C'est dans ces conditions que je rencontre Blackie Lawless dans un hôtel de la porte Maillot. Celui-ci feuillette distraitement votre journal préféré, il en profite pour m'interroger sur le contenu de l'article sur Mark St John. La conversation se détourne immanquablement sur Ace (pas celui-là, l'autre) Frehley.


 
WASP INTERVIEW 1984. ENFER Magazine N°18. HEAVY METAL


BLACKIE LAWLESS: Ace est un très bon ami. Au début, il devait produire l'album mais en fait il n'était pas très sûr de ce qu'il voulait faire. Il a monté maintenant son propre groupe et a fait un album.

E.: Tu as donc fait appel à Mike Varney pour l'aider à coproduire l’album. Comment cela s'est-il passé?

B.L.: Tu sais, Mike est un très bon technicien. Il a une excellente oreille et a aidé à modifier les petits détails que les gens ne remarquent pas mais qui donnent une envergure différente aux compositions. Disons que les chansons étaient écrites à 90% avant de rentrer en studio, Mike a su leur donner ce petit plus si important! Je crois qu'il va devenir une star. Son seul problème est qu'il très moyen en tant qu'Ingénieur du son. Et crois-moi, nous avions vraiment besoin d'un ingénieur (rires). Nous avions fait appel à Duane Baron (qui a travaillé sur Metal Health de Quiet Riot), qui a fait un excellent travail. Cela a pris quatre mois pour faire l'album. Mike était là pendant les six premières semaines et j'ai fait le reste.

E.: A-t-il été à un moment question que Frank Zappa produise l'album?

B.L.: Nous y avons pensé mais le problème est que l'album aurait sonné comme s'iI y avait deux groupes différents. Ce n'est pas ce que je voulais. J'ai rassemblé sur la première face tous les morceaux trés Rock'n'Roll, de façon à donner l'impression d'un disque au feeling très « american party». La deuxième face a une atmosphère plus européenne, plus théâtrale. Nous aurions pu faire un double album mais nous avons choisi de couper l'album en deux, je suis très satisfait du résultat.

E.: Comment s'est déroulée cette tournée européenne?

B.L.: En fait cela s'est passé comme nous le pensions. Je veux dire que les publics européens (NDLR : du vieux continent) sont bien meilleurs que le public anglais. Les kids européens sont très proches, en tout point, des kids américains. Surtout les Allemands! Les Anglais sont beaucoup plus réservés; ils sont très rigides. J'ai vraiment l'impression qu’ils sont très marqués par God Save The Queen (rires). A chaque fois que nous avons joué en Allemagne, la foule devenait vraiment folle dès le deuxième morceau. Crois-moi, ça te pousse vraiment à donner le meilleur de toi-même.

E.: Wrathchlld a ouvert pour vous en Angleterre. Que penses-tu de ce groupe? (Rires)

B.L.: J'ai reçu, il y a trois mois environ, une de leurs cassettes de la part de Bruce (Dickinson). J'ai aimé leur image, de plus ce que j'ai entendu d'eux sonnait beaucoup comme Sweet à leur début. J'en ai parlé à Rod (Smallwood, manager d'Iron Maiden et de Wasp), et nous les avons eu comme guest sur la tournée. Mais ils ont complètement changé de style de musique: Ils jouaient du speed-metal! Ils auraient mieux fait de garder le même style! Néanmoins, ils sont de mon côté.

WASP INTERVIEW 1984. ENFER Magazine N°18. HEAVY METAL

E.: Ne crains-tu pas que toute la publicité faite autour de ton image ne se révèle être une arme à double tranchant?

(silence)
B.L.: Tout le monde a cru au départ que nous n'étions qu'une "image band". C'est faux! Crois-le ou non: Nous avons commencé comme un groupe de sessions. Nous n'avions pas l'intention de faire des concerts... Et puis nous avons fait des démos qui se sont avérées être très bonnes. Nous nous sommes alors dit pourquoi ne pas faire de concerts. La première chose dont nous avions besoin était un nom qui soit à la fois controversé sans être vraiment controversé. C'est à dire que: Si tu sais ce que le nom veut dire, c'est bien, si tu ne le sais pas, c'est bien aussi. Enfin, je veux dire que tu as une idée fausse sans vraiment le savoir. (NDLR : Afin d'éclairer votre lanterne, tout ce que je peux vous dire est qu'il a rapport avec certaines perversions). Nous avions donc un très bon nom. Comme nous ne pouvions pas obtenir de passages en radios, nous nous sommes demandés quel était le moyen le plus rapide de montrer aux gens que nous existions. C'est ainsi que nous avons commencé à faire tout ce genre de choses sur scène (rires). Il y a aussi un autre aspect des choses, quand tu prends quatre personnes très « colorées » comme il y a dans ce groupe, tu te surprends à faire certaines choses qui t'amusaient autrefois. C'est ce que nous avons fait! Nous nous emmerdions sur scène alors nous avons tout à coup expérimenté tout ce que nous avions pu faire dans nos groupes précédents. J'aime autant te dire que c'était très, très radical (rire de Blackie). Mais je te dis tout ça pour faire ressortir un argument: Ce groupe est avant tout et pour toujours musical. Le show est important mais la musique passe en premier! Je veux dire que si tu écoutes une cassette dans ta voiture, nous ne pouvons jaillir des haut-parleurs et faire le spectacle. Les chansons ont plutôt intérêt à tenir debout par elles-mêmes! C'est le problème de beaucoup de groupes qui investissent beaucoup dans le show et pas assez dans la musique.

E.: Ta personnalité semble effacer celle des autres membres du groupe.

B.L.: C'est parce que j'ai la plus grande gueule (rires).

E.: Pourrais-tu nous parler de Chris, Randy et Tony?

B.L.: Le surnom de Chris Holmes est Tuwy parce qu'il ressemble à Tubacko de Star Wars, tu vois ce style de gros monstre en peluche (rires). Chris a un style de jeu très proche de celui d'Eddie Van Halen.

E.: Eddie Van Halen?

B.L.: Oui. Il y a de nombreuses similitudes dans leur jeu. Je ne dirais pas que Chris est le plus fou, mais il a eu une enfance plutôt agitée. Sa mère était Hell's Angels. Quand tu sais ce que sont les Hell's Angels tu as une très bonne idée du climat dans lequel il a vécu! Randy Pipper m'a été présenté par mon ami Ace en 1978. Il vient du Texas. Quant à Steve Riley, notre nouveau batteur, il vient de Boston. Il jouait auparavant dans un groupe nommé "The Beast"... Je suppose qu'il doit y avoir un cheminement logique entre The Beast (bête féroce) et WASP. (rires)

WASP INTERVIEW 1984. ENFER Magazine N°18. HEAVY METAL

E.: Pourquoi Tony Richards a-t-il quitté le groupe?

B.L.: Je l'ai descendu (gros rire gras de Blackie).
(silence)

E.: Pourquoi, était-il végétarien?

B.L.: C'est exactement ça. (rires) Non, en fait c'est personnel. C'est comme dans un mariage, les choses se passent bien et puis tu vois venir 'la cassure longtemps à l'avance.

E.: Es-tu surpris par le succès actuel des groupes issus de Los Angeles?

B.L.: Non, pas du tout. Ce qui s'est passé à Los Angeles est similaire à ce qui s'est passé à Liverpool dans les années soixante. Il y a actuellement 10 groupes qui sont ou qui vont sortir de LA: WASP, Ratt, Mötley Crüe, Quiet Riot, Dokken, Black and Blue, Great White, Warrior, Armored Saint et éventuellement Malice. Moi, Kevin Du Brow et Frankie Banalie sommes à LA depuis plus longtemps que n'importe qui. La scène locale a commencé à se développer à partir de 1977. Nous faisions la même chose à cette époque mais la scène Punk/New Wave était si forte qu'il était dur de travailler. J'ai rencontré Nikki (Sixx) quand il avait 19 ans, il y a sept ans de cela (il est depuis devenu mon meilleur ami) et je l'ai emmené pour la première fois dans un studio. Ce fut un désastre (rire). Les choses ont commencé à se préciser vers 1981, c'était plus facile pour jouer. Ce qui s'est passé l'année dernière est qu'il y avait tant de groupes que la scène a fini par exploser. Quand on regarde en arrière, on s'aperçoit que le rock'n'roll a des périodes cycliques. Certains mouvements musicaux ont leur propre chapitre. Ce qui se passe à LA. va être comme à San Francisco qui avait son propre son il y a dix ans. Ce n'est pas uniquement le fait qu'il y ait beaucoup de groupes, il y a vraiment de très bonnes choses sur le plan musical.

E.: Qu'est-ce que t'a apporté l'expérience des New York Dolls?

B.L.: Oh, tu sais, je ne suis resté que dix minutes dans ce groupe. C'était très intéressant dans le sens que cela m'a enseigné ce qu'il ne fallait pas faire. Ces gars étaient les types les plus fous que j'ai jamais connus. A cette époque, j'avais vingt ans et ils avaient tous entre vingt-huit et vingt-neuf ans. Ils essayaient tous de ressembler à Jim Morrisson. C'était très insolite!

E.: Y a-t-il une grande différence pour un groupe de Heavy Metal entre les 70's et les 80's?

B.L.: Financièrement oui. Sinon l'esprit reste à peu près le même. Pour en revenir à LA, Quiet Riot a été le premier groupe à obtenir un succès énorme. Mais ce n'est pas un groupe américain qui a lancé toute cette scène. C'est AC/DC qui a ouvert les barrières pour tout le monde. Les labels se sont enfin aperçus qu'il y avait un marché à prendre. Mais ce marché existait depuis longtemps. Depuis Van Halen?

E.: Quelle est la signification du titre B.A.D. ?

B.L.: Que penses-tu que cela veuille dire?

E.: Je ne sais pas.

B.L.: L'album est basé sur les concepts du sexe et de la perversion. Cette chanson 'est basée sur le sexe. Le thème est originaire de France, le public français devrait comprendre ces paroles mieux que quiconque!

E.: Est-ce que « I wanna be somebody » est autobiographique?

B.L.: Non, c'est plutôt à propos de la frustration.

E.: L'équipe d'Enfer Magazine se joint à moi pour te demander quels sont les endroits idéaux pour ne pas recevoir de viande en pleine figure lors de vos concerts? (rires)

B.L.: La viande, ça c'est de l'histoire ancienne, quoique (rire de Blackie, j'allais comprendre sa signification lors du concert)... En fait, je ne vise jamais les personnes du devant, C'est trop facile. Je préfère viser ceux du fond. Tu sais, j'étais très bon joueur de baseball. j'ai une bonne épaule.

E.: Pour finir, comment envisages-tu le futur de WASP?

B.L.: Cela risque d'être très controversé!